De nombreux patients se retrouvent à repasser en boucle une conversation dans leur tête, ou à se juger et à s’évaluer constamment, vérifiant la manière dont ils accomplissent les choses, en se focalisant particulièrement sur les exigences qu’ils n’arrivent pas à atteindre. Ces formes de pensée répétitives sont ce que l’on nomme la rumination.
En psychologie, la rumination mentale fait référence à des pensées récurrentes et répétitives difficiles à maîtriser, souvent liées à un événement passé ou à venir.
Les effets de la rumination sont variés :
- Des inquiétudes répétitives concernant les mêmes événements ou personnes ;
- Un sentiment d’insécurité quant à l’issue des événements ;
- Un épuisement mental dû à l’omniprésence de ces pensées ;
- Une difficulté à prioriser les problèmes, à maximiser certaines choses de manière irrationnelle, pouvant conduire à l’inertie ;
- Une tendance à l’humeur négative, anticipant souvent le pire scénario possible ;
- Une dévalorisation de soi, une image erronée de soi créée par la rumination à force de répétition ;
- Des troubles du sommeil, comme l’insomnie.
La rumination est fréquemment observée chez les personnes anxieuses et concerne les événements et problèmes du quotidien, qui prennent alors des proportions démesurées.
Il est important de ne pas confondre la rumination avec les pensées obsessionnelles, qui sont des idées envahissantes souvent déclenchées par un moment émotionnel intense. Elles peuvent inclure des ruminations sur quelque chose que l’on aurait souhaité dire ou faire, des pensées revenant sur un acte regretté, ou des désirs impérieux et impulsifs.
La rumination peut engendrer des complications et même favoriser l’émergence de troubles psychologiques plus graves, tels que la dépression. Les ruminations entravent considérablement l’accomplissement des tâches quotidiennes, tant dans le milieu professionnel que familial.
L’enjeu principal de la rumination réside dans la transformation d’une pensée en croyance, les deux pouvant être erronées, mais la seconde s’ancrant plus profondément que la première. Les ruminations, de plus en plus présentes dans le quotidien et souvent associées à l’anxiété, nécessitent une attention particulière.
La Thérapie Cognitivo-Comportementale (TCC) vise à contester les pensées erronées et à apaiser progressivement les ruminations, rompant ainsi le cycle envahissant. Elle s’attaque aux pensées, émotions et comportements à ajuster pour que les préoccupations, au cœur des ruminations, acquièrent une perspective plus rationnelle. Considérée comme un schéma de pensée habituel face à certaines situations, la rumination peut être réformée grâce à la TCC.
Le psychologue TCC aidera son patient à maîtriser et à mettre en place de bons outils ou techniques :
- L’entraînement à la concrétude : substituer les modes de pensée abstraits et analytiques, souvent stériles et dysfonctionnels, par des approches concrètes et expérientielles, plus bénéfiques et opérationnelles.
- Les thérapies métacognitives : reconnaître et réviser les schémas de pensée dysfonctionnels.
- La restructuration cognitive : identifier et questionner les pensées automatiques négatives pour les remplacer par des alternatives plus réalistes et positives.
- La résolution de problèmes : se poser devant une feuille, un stylo en main, et réfléchir à des solutions concrètes et des actions à entreprendre étape par étape plutôt que de se poser sans fin des questions non pertinentes.
- La prise de recul : apprendre à observer ses pensées sans jugement et diminuer leur charge émotionnelle.
- La journalisation : noter ses pensées pour les clarifier et les structurer, ce qui peut atténuer la rumination.
- La technique d’entraînement attentionnel : apprendre à rediriger son attention des ruminations vers des activités ou des pensées plus productives.
- La vérification des hypothèses : confronter les pensées négatives à la réalité pour en évaluer la validité.
- La diversification des activités : s’impliquer dans diverses activités agréables pour éloigner l’esprit des pensées récurrentes.
- La méditation : une pratique régulière, même brève, favorise le détachement des pensées intrusives et la concentration sur l’instant présent.